Cas célèbre #1 : comment a-t-on collé la structure du plus grand avion du monde en 1947 ?
Le « Spruce Goose », ou « Oie en épicéa » est le nom donné à un avion prototype construit en 1942 par l’ingénieur aéronautique, homme d’affaires et pilote Howard Hughes, sous contrat avec le Département de la Guerre américain. Il avait été décidé de construire un avion pour transporter du matériel et du personnel des Etats-Unis à la Grande-Bretagne car à cette époque les navires risquaient d’être coulés par les sous-marins allemands.
A cause de la pénurie en aluminium, Hughes décida de construire l’avion avec du bois. Les composites en bois étaient déjà utilisés grâce à leur légèreté et leur solidité pour les plus petits avions et les bateaux. En dépit du nom donné à l’avion, le bois choisi pour sa construction fut le bouleau.
L’avion était gigantesque pour l’époque, avec une longueur de 66,65m, une largeur de 97,54m et une hauteur de 24,18m. Il pesait 114 tonnes à vide et 180 tonnes à pleine charge (avec 60 tonnes de cargo). Il était propulsé par huit moteurs à hélice. Il était conçu comme un hydravion capable de décoller et d’amerrir. Il pouvait en principe atteindre la vitesse de 408 km/h et une autonomie de 4.800 km. En comparaison, le premier modèle du Boeing 747-100B « Jumbo » mesurait 70,6m de longueur et avait une largeur d’ailes de 59,6m. Il pesait 162 tonnes à vide et 333 tonnes à pleine charge, grâce à ses quatre moteurs à réaction plus puissants.
Le prototype Hughes H-4 Hercules fut terminé après la fin de la guerre. Il n’est donc jamais devenu opérationnel. Hughes l’a personnellement piloté sur une courte distance pour la première et la dernière fois en novembre 1947 à la vitesse de 217 km/h et à une altitude de 21m au large de la côte californienne. Après cela, l’avion fut remisé puis exposé au musée de l’aviation Evergreen à McMinnville, Orégon, près de Portland.La colle utilisée pour le composite était une résine thermodurcissable basée sur de l’urée ou du phénol avec le formaldéhyde. Elle pouvait résister à l’humidité, à la chaleur, au froid, aux bactéries et aux champignons, et procurer à la structure la stabilité dimensionnelle requise. Elle était fabriquée par la division Plaskon de la Libbey-Owens-Ford Glass Company de l’Ohio.
Le composite était fabriqué par le procédé Duramold. Les feuilles de bouleau étaient imprégnées de résine puis laminées ensemble dans des moules à chaud et sous pression. Poids pour poids, le composite est plus solide que l’aluminium.
La résine Plaskon fut aussi utilisée pour construire des péniches de débarquement pendant la deuxième Guerre Mondiale.
A l’heure actuelle, 70% des résines urée-formaldéhyde sont utilisés par des produits forestiers : panneaux de particules, panneaux de fibres, contreplaqué et adhésifs de laminage (selon Wikipedia).